jeudi 30 décembre 2010

Prologue


A l'origine il n'y avait rien, du moins, c'est ce que pensent nos meilleurs savants.
Et puis des tréfonds de l'espace ils arrivèrent... les Pluvieuh ! Ces monstres gigantesques volaient à travers l'espace en dévorant la matière et ne laissaient derrière eux que mort et désolation. Il adoraient grignoter planètes, lunes et astéroïdes, mais ce qui les rendaient fous, c'était ce petit goût, un peu sucré, un peu salé que pouvait avoir une planète peuplée d'âmes intelligentes et ce croustillant incomparable que peuvent avoir les divinités qui vont fréquemment de pair avec avec les âmes intelligentes.
Rassasiés des mondes qu'ils venaient tout juste de dévorer, ils se trouvèrent un petit endroit tranquille, à proximité d'un soleil qui émettait une douce chaleur, pour digérer. Arrivé au terme du processus, Cthug'Zorh le Goinfre dirigea sa protubérance anale en direction d'une orbite elliptique et déféqua vigoureusement, créant un ignoble corps céleste qui entreprit sa longue rotation autour de son soleil. Alors que cette dernière amenait l'amas de déjections à sa portée, Lohm'Ogroth le Ventru l'aligna de sa tentacule urinaire et entrepris d'arroser abondamment l'astre nouvellement créé, le gratifiant d'un vaste réseau d'océans, de rivières et de lacs. Ne voulant en être en reste, Tarnath'Totos l'Ingurgiteur, exhala un rôt méphitique depuis son appendice buccal, dotant d'une atmosphère irrespirable ce qu'il convenait d'appeler désormais une planète propre (enfin, ça c'est vite dit) à accueillir la vie.
Puis après leur sieste digestive, les trois léviathans célestes s'en retournèrent vers de nouveaux et pantagruéliques raouts célestes, non sans avoir noté deux ou trois alignements d'étoiles qui leur permettraient de revenir voir de temps à autre si l'apparition de ladite vie, n'aurait pas par hasard élevé leur abominable création au rang d'amuse-gueule potable.

Avant que la vie ne puisse apparaître, ce qui dû attendre un nombre colossal de révolutions, il fût de prime abord nécessaire au jeune astre de prendre le temps d'instaurer un cycle géologique et saisonnier, de stabiliser sa température interne, réduire le taux d'acidité de ses océans, bref de mettre en place le minimum requis pour l'apparition d'une vie, aussi primitive et robuste soit-elle. La vie en question se développa suivant ce qu'il convient d'appeler les Trois Grands Stades de l'Intelligence Successive.
Le premier fut le Stade Débile Profond. A cette époque le Grand Océan d'Urine, qui recouvrait alors les trois quarts de la planète et que nous connaissons aujourd'hui sous le nom plus vendeur d'Océ-Anjoleur, grâce au lent procédé de filtration de l'urine de pluie à travers les déjections sédimentaires, commençait à avoir un taux d'eau dans l'urine acceptable. C'est alors qu'au plus profond dudit océan apparurent les premiers organismes unicellulaires. La vie d'une amibe n'a vraiment rien de folichon, à part manger ses congénères pour se reproduire par division en attendant la mort, il n'y a pas de place pour la fantaisie. Néanmoins, une petite jeunette tenta de mettre un terme à cet absurde cycle de nutrition-digestion-reproduction. Son idée était que deux amibes ensembles pouvaient manger plus que deux amibe seules, et qu'en conséquence de la mise en commun de leurs ressources respectives il en résulterait un bien, qui permettrait l'édification du groupe : le Communisme Multicellulaire était né ! L'idée séduisit immédiatement les autres amibes et l'on put alors assister à un festival de création toutes plus farfelues les unes que les autres. Puis les amibes décidèrent qu'on devait désormais les appeler des cellules et que puisque certaines s'occupaient de bouffer alors d'autres se concentreraient sur le repérage des proies ou le déplacement en milieu hostile. Ainsi naquit la spécialisation et le principe de l'évolution.
Le second Stade est appelé Stade Stupidité Sans Bornes. Après s'être fourvoyé dans un certain nombre de cul-de-sac sans avenir à force de vouloir créer une créature super-adaptée, l'évolution arriva enfin à mettre en place un schéma de construction global (une tête un torse et quatre membres) pour définir de nouvelles espèces adaptables, mais non-adaptées.
La première espèce ainsi définie fut celle des orks. Massifs, résistants, dotés de deux cœurs pour pomper un sang noir et visqueux, d'un extrême longévité et même de plusieurs cerveaux (un dans la boité crânienne, un dans le torse pour gérer le système cardio-respiratoire plus quelques centres nerveux dans les membres pour gérer les réflexes). Leur peau dure comme du cuir de buffle était de couleur verte faisant office de camouflage naturel. L'absence d'armes naturelles les força à inventer des outils et c'est ainsi qu'apparu la toute première intelligence. L'expérience n'alla cependant pas bien loin car les orks était si forts que le caillou leur servait d'outil pour tout, fracasser des crânes (y compris à distance), bûcheronner, construire des huttes inutiles puisque de toutes façon ils n'étaient guère incommodés par les intempéries.
Forte de ses expériences précédentes, l'évolution aboutit alors à deux nouvelles espèces. Doté d'un seul cœur et d'un seul cerveau, d'une constitution relativement faible, et d'une pitoyable durée de vie, les humains et les gobelins ne pouvaient se contenter d'un caillou comme outil. La courte vie des ressortissants de ces deux espèces était en général caractérisé par un foisonnement intellectuel rare. Malheureusement il fallait souvent plusieurs générations pour achever les projets les plus complexes, compte tenu du fait que l'éducation prenait la première moitié d'une vie d'humain (ou de gobelin) et qu'ensuite il ne restait plus longtemps avant la sénilité. Au fil du temps, les humains se mirent à s'adapter à leur milieu naturel et devinrent plus robustes (et moins intelligent), les gobelins (petits, malingres et à la peau verte) développèrent une étrange mémoire génétique et les enfant se mirent à naître avec une bonne partie des connaissances de leurs parents.
Apprenant une fois de plus de ses erreurs, l'évolution frappa alors un grand coup et créa une nouvelle génération de trois nouvelles espèces, capable de vivre très longtemps afin d'avoir le temps d'apprendre de ses ancêtres et de repousser les limites de ses connaissances. Les elfes, variante efféminée et affaiblie des humains pouvaient vivres quelques millénaires. Seulement quand on est jeune et qu'on a quelques millénaires devant soi, on n'est pas pressé d'apprendre et quand on a plusieurs siècles d'existence on a tendance à sombrer dans une béatitude contemplative. Bref, à part organiser de grandes teufs en forêt, ils étaient pas doués pour des activités autres qu'artistiques. L'autre espèce apparue à cette époque était les reptants, descendants de la branche des peaux-vertes ont la particularité, en plus d'avoir un forte longévité, de posséder une membrane reliant leurs membres supérieurs et inférieurs qui leur permet de voler. Au sol, en revanche cette membrane devient un véritable handicap, tout particulièrement dans les cités encombrées ou les forêts. Enfin, la dernière espèce de cette fournée se nomme les fourriens. Les fourriens ont une apparence bien plus bestiale que leurs ancêtres humains, la plupart ont un museau, une queue et de la fourrure. Tous sont dotés de sens assez extraordinaires. Hélas, la plupart d'entre eux ne dépassent jamais les 13 ans humains d'âge mental et ne font rien d'autre à part profiter de la nature durant leur longue vie.
D'aucun auraient conseillé à l'évolution d'arrêter les frais, mais cette dernière est vraiment têtue comme une mule. Elle a donc persévéré et donnée le jour à la dernière grande race pensante, les nains. Une race assez moyenne somme toute, en regard de la Teurre, longévité moyenne (environ cinq cent ans), une intelligence moyenne, constitution moyenne... mais paradoxalement, c'est de cette race moyenne que viennent toutes les grandes évolutions techniques et artisanales, telles que l'acier inoxydable, le duracier, l'optique, l'alchimie, etc... Grâce à leurs contacts avec les nains, les autres races révélèrent aussi leur potentiel intellectuel et artistique, mais aujourd'hui encore, ils restent la référence sur toute la Teurre (sauf pour les elfes qui n'ont d'autres références qu'eux même, mais c'est leur problème).
Après ce coup d'éclat, l'évolution sombra définitivement dans la sénilité, profitant de sa maîtrise de l'intelligence, elle s'évertua à l'insuffler dans tout et n'importe quoi, rocher, fées, animaux... En définitive, depuis la création des nains, aucun peuple à part entière ne vis plus le jour, en revanche un paquet de monstres doués d'intelligence continuent de pulluler.

Et alors que l'intelligence de plus en plus développée des peuples de la Teurre les guidait vers des questions malsaines telles que : qui suis-je ? Où vais-je ? Quelle est cette force invisible qui fait bouger les branches de l'arbre et soulève le jupe de la voisine ? Forcément des réponses de plus en plus malsaines émergèrent guidant toute la création vers le Stade Omnisapiensis Completum, l'ère des dieux !
Dans leur volonté de tout expliquer de façon non-rationnelle, les grandes races pensantes ont naturellement postulé que tout ce chambard métaphysique sur la vie, la mort, l'existence, etc... c'était à cause de dieux. Manque de bol, les dieux n'étant rien d'autre que des particules d'omniscience maintenues de façon cohérente par de l'énergie de croyance (à l'exception des Pluvieuh, qui eux sont des créatures omnipotentes), ces derniers furent créés ex-nihilo par les crétins pensants qui peuplaient les fertiles contrées de ce que l'on appelait alors la Teurre.
Le truc avec les dieux, c'est qu'ils ont besoin de deux ressources essentielles : les croyants et les adorateurs. Sans les premiers, ils ne pourraient pas exister, et ils ont absolument besoin d'un paquets des seconds pour accomplir des miracles. Ils arrivèrent alors très rapidement à l'équation suivante : moins de dieux est égal à plus d'adorateurs, plus d'adorateurs est égal à plus de miracles, plus de miracles est égal à plus de croyants et moins d'adorateurs des dieux ennemis, moins d'adorateurs ennemis étant égal à moins de dieux. Il va sans dire qu'une fois que toute la tricholée de baltringues célestes en arriva à ce constat, on a commencer à se regarder en chien de faïence autour de la table ronde divine. Partant de là, les choses ont un petit peu dérapé vers une époque aujourd'hui oubliée : le Temps des Guerres des Miracles. Suite à l'engloutissement et à l'envol de continents entiers, à la diminution de 98,58624892 % plus trois nains, deux humains, quatre orks, six fourriens, un reptant et huit gobelins près (les nains ayant inventé très rapidement le recensement, ce chiffre est très précis) et à l'invention du disco, les dieux survivants signèrent une charte établissant leur nombre et mettant en place l'Organisation des Dieux Unis. Vint alors le Temps de Paix (pour les teurriens du moins), période houleuse durant laquelle ces merveilleuses personnalités de pur-esprit (bien que certaines aient un corps de rêve) se disputèrent pour savoir s'il fallait révéler aux habitants de la Teurre que la création de leur monde n'était pas du fait des dieux mais des Pluvieuh et qu'il n'était pas plat, contrairement à ce qu'ils avaient prétendu dans la plupart de leurs dogmes (en même temps, aucun esprit sensé ne croirait sa planète est ronde, cubique à la limite). La plupart préféraient laisser leur ouailles dans l'ignorance afin de leur soutirer un maximum de croyance ce qui leur laisserait une petite chance de survivre à l'engloutissement de la Teurre lors du retour du Goinfre, du Ventre et de l'Ingurgiteur. Néanmoins, deux dieux décidèrent de révéler la vérité. Lun'Demiel déesse tutélaire des elfes, pensait que mentir c'est mal et pas gentil du tout. Elle enseigna donc l'astronomie à son peuple afin qu'il su que Teurre n'était pas plate (et accessoirement calculer les alignements pas kouls de planètes). Les elfes eurent d'ailleur toutes les peines du monde à convaincre les autres races, tout le monde les prenant pour une bande d'artistes abrutis et contemplatifs. Heureusement Dess, dieux des morts ne redoutait pas l'engloutissement, en revanche il avait peur qu'en tant que dieu vénéré et craint par la totalité des peuples pensants, il n'y survive et obtienne ainsi la charge d'une quantité d'âmes trop importante pour les délicats rouages de la pesante administration nécrologique qu'il avait mise en place. Aussi décida-t-il d'aider Lun'Demiel en confirmant les dires des oreilles pointues et il fit dont à ses ouailles de la magie afin qu'il puissent trouver des solutions inventives au problème de l'engloutissement. C'est ainsi que vint le Temps de la Révélation.

Les autres dieux prirent alors le nom de Lumineux et pour contrebalancer l'effet de la Révélation, investirent de grands pouvoirs des champions, qu'il expédièrent à travers toute la Teurre afin qu'il rétablissent la ferveur tout en accomplissant des quêtes plus stupides et tape-à-l'œil que douées d'un véritable intérêt public. Mais Dess et Lun'Demiel décidèrent alors d'en faire autant et formèrent le groupe des Cendreux, et prirent des champions. Il furent rapidement rejoints par Satmain, dieu nouveau né de la fin du monde. C'est ainsi que débuta le Temps des Champion. C'est à cette époque que la Compagnie des Cendreux arpenta la Teurre en tous sens, luttant contre des créatures monstrueuses, les cultes secrets des Pluvieuh, cartographiant les zones les plus reculées, découvrant des temples mystérieux ! C'est leurs aventures que je vais vous conter...

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